Claude Garamont

Alexandre Dulaunoy 2 minute(s) de lecture possible dimanche 20 juillet 2025 294 mots et d'autres choses
typographie livre chronique art garamont

On peut parfois se croire seul. Ma passion pour la typographie ressemble davantage à une marotte qu’à quelque chose d’utile dans la vie de tous les jours. Surtout, les horreurs typographiques qui nous agressent quotidiennement finissent par altérer notre capacité à discerner ce qui est, ou non, typographiquement beau. J’avais évoqué ces errements typographiques à propos du site web du Sillon pour aboutir à une conclusion simple : utilise Garamond et tout se passera bien.

Se faire avoir

Alexandre Dulaunoy 2 minute(s) de lecture possible dimanche 20 juillet 2025 278 mots et d'autres choses
horreur livre chronique

Il arrive qu’on se fasse avoir par des libraires. Ce n’est pas souvent, mais cela arrive…

Je pénètre dans une nouvelle librairie en Belgique et je jette un œil aux tables, à la recherche de nouveautés. Une étiquette avec la note de la libraire proclame : « La nouvelle autrice capable de remplacer Stephen King ». En quatrième de couverture, on peut également lire : « Daisy Johnson est un nouveau monstre sacré de la fiction » et « un petit chef‑d’œuvre de la littérature gothique » (je ne savais pas trop ce que cela voulait dire). Tout excité, je saisis donc le bouquin, heureux à l’idée de me plonger dans un livre qui allait me retourner et me faire peur.

La photo me regardait

Alexandre Dulaunoy 1 minute(s) de lecture possible mercredi 9 juillet 2025 176 mots et d'autres choses
chronique photographie journal arles

Il y a cette sensation, parfois, face à certaines photographies. On tombe nez à nez avec une image, et il se passe quelque chose. Pas besoin qu’elle soit l’œuvre d’un grand photographe, ni de tout savoir ou de connaître l’artiste. Il suffit de la regarder, et aussitôt elle nous plonge dans un souvenir, un vieux rêve ou une sensation intime.

Aux éditions Macula, Katja Petrowskaja a publié un recueil de photographies nourri de ses émotions et de ses perceptions. Dans La photo me regardait, on plonge au cœur de son univers, entre fragments de vie et impressions sensibles.

La plus secrète mémoire des hommes

H. Galois 6 minute(s) de lecture possible samedi 5 juillet 2025 1197 mots et d'autres choses
livre critique chronique roman

Un livre de Mohamed Mbougar Sarr

C’est l’histoire d’un écrivain sénégalais entre les mains duquel tombe un vieux livre oublié, « Le labyrinthe de l’inhumain », d’un certain T. C. Elimane, auteur d’une seule œuvre dont plus personne ou presque ne sait plus rien. Commence alors la chronique d’une quête, à la recherche de l’ombre d’une étoile filante de la littérature. Le narrateur, dans cette « histoire impossible à raconter », croise un poète convaincu qu’un poète qui a plus de 120 lecteurs est suspect et d’autres auteurs atteints « d’incontinence littéraire »… Ils parlent de littérature jusqu’au bout de la nuit, constatent que le monde n’est pas si perdu puisque cela advient, et nous y entraînent, emmaillotés dans un style envoûtant. « Les grandes œuvres appauvrissent et doivent toujours appauvrir. Elles ôtent de nous le superflu » (p. 53). Mais parfois il ne reste presque plus rien. Alors c’est un long périple pour maintenir en vie une mémoire. C’est une quête impossible, pourtant intimement intriquée avec la vie, dont il ne surgira qu’une vaste, intense, mais imprécise idée : la littérature comme mystique. Le livre dit aussi l’émigration, avec par exemple de superbes pages sur l’appel aux parents, que l’auteur voit comme étant caractéristique des émigrés, mais qui est peut-être un universel. Je me suis demandé si la quête du narrateur n’était pas, paradoxalement et malgré son érudition – longtemps que je n’avais pas lu le mot shiboleth – et sa géniale composition, un processus de libération de la littérature. On y croise Borges, Sábato, Gombrowicz et d’autres pointures, on les y croise et on les y lit, textes cités ou seulement évoqués ; l’auteur joue des emprunts, comme semble avoir fait le mystérieux T. C. Elimane (citons par exemple la référence à l’idée que le hasard, qui n’est qu’un destin qu’on ignore, idée citée plusieurs fois – par exemple p. 336 – et qui est clairement un emprunt à Borges qui en faisait une équivalence). Le livre, à travers ses multiples voix imbriquées, de récits dans les récits, se demande si le mal n’est pas la seule grande question. Confirmation, si besoin en était, que la littérature se réinvente en se répétant. Et cette grande question en amène donc peut-être une autre : et si le livre essentiel, finalement, ne pouvait s’écrire ?

Ma cabane sans peine

Alexandre Dulaunoy 3 minute(s) de lecture possible lundi 9 juin 2025 462 mots et d'autres choses
chronique livre philosophie

Trouver une bonne lecture, c’est difficile, mais il ne faut jamais sous-estimer la capacité des amis à savoir quoi lire. J’ai des piles de livres, dont une avec ceux qui m’ont été prêtés. Une amie me demande si j’ai bien Ma cabane sans peine d’Alain Guyard… Bien entendu, le livre n’était pas sur la bonne pile. Suite à cette agréable pression amicale, je me suis dit que l’occasion faisait le larron pour me plonger dans cette lecture.

Joseph Mitchell - Le Fond du port

Alexandre Dulaunoy 2 minute(s) de lecture possible dimanche 1 juin 2025 292 mots et d'autres choses
chronique livre New-York

Il est rare de trouver un auteur capable de restituer, en littérature, le sentiment que procure la photographie de rue. Il capture les rues, les bâtiments, les rencontres comme des archives persistantes qui se dévoilent devant nos yeux. Pourtant, il existe un auteur qui pratique sans doute la photographie de rue sans appareil photo : Joseph Mitchell. Journaliste pour The New Yorker, mais surtout infatigable explorateur de New York et de ses environs.

Cloé du Trèfle - La Lueur

Alexandre Dulaunoy 2 minute(s) de lecture possible dimanche 25 mai 2025 263 mots et d'autres choses
chronique musique art poésie

Par un truchement de recherches obscures sur Internet, je tombe littéralement sur le nouvel album La lueur de Cloé du Trèfle, publié le 4 avril 2025. J’écoute Électrons libres en premier, dans le train qui m’emmène au travail, et j’entends cette phrase :

« Pourquoi ce trou noir, vers lequel nous filons dangereusement à toute allure, est-il si rayonnant ? »

Cette phrase ne m’a plus quitté de la journée. Pendant quelques heures, j’ai cru qu’elle venait d’un auteur célèbre. Elle m’a obsédé entre deux réunions, certaines aussi pesantes qu’un effondrement gravitationnel, d’autres lumineuses comme une conversation sincère entre collègues. Cette phrase était là, en boucle dans ma tête, me soufflant : Écoute le reste de l’album, couillon!

Deborah Levy et Francois Avril

Alexandre Dulaunoy 3 minute(s) de lecture possible dimanche 18 mai 2025 464 mots et d'autres choses
chronique livre art philosophie

Lire plusieurs livres en parallèle donne une dimension plus riche à ses lectures. On entend souvent dire qu’il est impossible d’apprécier pleinement un ouvrage lorsqu’on en lit plusieurs à la fois. J’ai l’intime conviction que c’est une idée reçue. Notre monde n’est pas constitué de vases clos. On discute, on échange, on crée des ponts. On construit son univers à travers ses lectures, mais aussi grâce à la manière dont on les assemble.

Martha Cooper

Alexandre Dulaunoy 2 minute(s) de lecture possible dimanche 11 mai 2025 291 mots et d'autres choses
chronique livre photographie art graffiti

On dit qu’il ne faut jamais rencontrer ses héros, sous peine d’être déçu. Franchement, je ne sais pas quel imbécile a pondu cette énormité. Je viens d’en avoir la preuve : c’est une belle connerie.

Arrivée à Paris pour visiter une foire de street art au Carreau du Temple, je pousse la porte d’entrée… et là, assise tranquillement à une table, qui est-ce que je vois ? Martha Cooper. Oui, LA Martha Cooper. Quand on possède tous ses livres sur le street art, impossible de ne pas la reconnaître.

Fantasy

Miles Davos 3 minute(s) de lecture possible lundi 5 mai 2025 477 mots et d'autres choses
bd critique chronique fantasy histoire société nuance

On raconte que les vainqueurs, écrasant la voix de ceux qui ont perdu, écrivent l’Histoire, celle avec un grand H. Un H nettement plus grand que celui, rachitique, de l’innommable.

Comment réagiriez-vous si quelqu’un vous proposait de voir les faits, les approximations, les contre-vérités et les fables sous deux perspectives différentes ?

C’est là le tour de force, l’exploit réussi haut la main par Yoann Kavege, l’auteur de “Fantasy”, une des meilleures bandes dessinées que j’ai lues ces dernières années.