Naître sans cesse

Alexandre Dulaunoy 2 minute(s) de lecture possible dimanche 22 septembre 2024 271 mots et d'autres choses
livre critique chronique photographie

Avoir entre les mains le journal d’un photographe, c’est souvent comme disposer d’une carte ou d’un guide pour mieux comprendre son travail. Ici, Naître sans cesse, le journal du photographe Jean-Christian Bourcart, nous plonge dans ses activités photographiques. Je connaissais déjà un peu son travail et j’avais toujours voulu connaître ses techniques pour photographier dans des milieux difficiles ou peu enclins à laisser un photographe travailler.

Il décrit avec clarté son travail à Camden (États-Unis) et la manière dont il se fait régulièrement racketter. C’est un récit fascinant qui montre bien son acharnement à explorer les côtés les plus sombres de la société. Ce journal révèle une étrange alternance entre sa vie personnelle, ses amours, sa sexualité, et sa quête de capturer en images des réalités que l’on préfère souvent ignorer.

Trop chaud

Alexandre Dulaunoy 4 minute(s) de lecture possible dimanche 15 septembre 2024 744 mots et d'autres choses
art arles photographie nouvelle

homecoming

Une goutte de sueur perlait sur mon visage. Elle coulait le long de mon cou pour atterrir finalement sur mon t-shirt détrempé. Il faisait toujours chaud et lourd à cette époque de l’année. Mais cela n’enlevait rien au plaisir annuel que représentait cette escapade de dix jours à Arles. Une bulle de liberté photographique. Je marchais vers la Fondation Luma. Il était dix heures trente du matin, avec cette vilaine impression que la matinée n’avait jamais été fraîche. Je voyais l’air conditionné de la Fondation Luma comme une oasis dans un désert. Il n’y avait pas beaucoup de monde. L’art photographique ne peut rivaliser avec une piscine lors d’une canicule. Sauf pour ceux qui espèrent, un peu perdus, que l’art résoudra les changements climatiques. “Perdu” est sûrement le meilleur adjectif pour décrire ma vie. Rien de tel que de se perdre dans une exposition pour se sentir un peu moins perdu.

Lac Noir

Alexandre Dulaunoy 1 minute(s) de lecture possible dimanche 28 avril 2024 184 mots et d'autres choses
photo critique photographie poésie livre

La poésie n’est généralement pas ce qui m’attire lorsque je flâne entre les rayonnages d’une librairie. Toutefois, se perdre dans une foire du livre à Bruxelles, notamment au stand de Québec Édition, c’est un véritable voyage qui brouille les repères. Un livre intitulé “Lac Noir”, orné d’une photographie en noir et blanc, a capté mon attention. À l’ouverture, des coordonnées géographiques et d’autres photos m’ont convaincu que ce livre était fait pour moi. Plus tard, j’ai remarqué le nom de l’éditeur, “La Peuplade Poésie”, discrètement inscrit en bas de la page. Un instant de doute - “Oh non, de la poésie”…

Oli Kellett - Cross Road Blues

Alexandre Dulaunoy 1 minute(s) de lecture possible samedi 27 avril 2024 132 mots et d'autres choses
photo critique photographie art livre

La photographie de rue est un art diversifié ; elle peut se manifester à travers des photographies frontales au flash, à la manière de Bruce Gilden, des clichés pris dans les rues, inspirés par le style de Garry Winogrand, ou encore des sessions de chasse continue pour saisir des scènes de rue animées. Oli Kellett crée des panoramas de photographie de rue qui rappellent le travail de Gregory Crewdson, mais sans l’équipe de dix personnes en coulisses. Sa patience est son atout majeur pour obtenir une vue panoramique avec une personne perdue au milieu. On peut constater que sa sélection s’étend sur une période assez longue, révélant ainsi la rareté de cet instant parfait.

Harrison Miller - Valleys

Alexandre Dulaunoy 1 minute(s) de lecture possible samedi 23 mars 2024 122 mots et d'autres choses
photo critique photographie art livre

Il y a ces paysages où le détail est superflu. Ils forment des ondes, des structures, des plis qui nous sont familiers.

Ce réconfort que l’on peut trouver en les voyant, se sentir happé par la profondeur des sillons, des lignes, des traces. On cherche sans relâche ce qui nous rattache à ce monde. Harrison Miller1, dans son livre ‘Valleys’, explore cela avec une simplicité déconcertante et rassurante.

La mise en page, la reliure en bois, le tirage sur un papier mat et l’espace donné aux photographies, sont tout simplement beaux et justes. On ne peut qu’espérer que d’autres éditeurs soient inspirés par une telle réalisation.

metropolia - Martin Bogren - Atelier EXB

Alexandre Dulaunoy 1 minute(s) de lecture possible dimanche 17 mars 2024 132 mots et d'autres choses
photographie photo livre art critique chronique

On pense souvent que la photographie de rue est toujours identique, une activité répétitive offrant une image semblable d’un photographe à l’autre. En effet, on peut remarquer des similitudes, voire des parallèles, entre les photographes de rue. Cependant, Martin Bogren1 nous entraîne dans une série exceptionnelle. Il est dans la rue tout en s’en détachant. Il a passé une centaine de jours à New York. On se retrouve plongé dans un rêve photographique. La ville perd de son importance, elle pourrait être n’importe quelle métropole. Mais tout cela nous est présenté de manière intime. C’est ce qu’on ressent en ouvrant les premières pages de « Metropolia », publié aux éditions Atelier EXB, un bel ouvrage au tirage soigné.

Vivian Maier - claire-obscure

Alexandre Dulaunoy 2 minute(s) de lecture possible dimanche 25 février 2024 291 mots et d'autres choses
bd critique photographie

On ignore ce qui nous survit après la mort. C’est un jeu imprévisible, une sorte de roulette russe. On peut sombrer dans l’oubli ou devenir célèbre à notre insu. Ainsi, Vivian Maier est devenue une photographe célèbre post-mortem. Son histoire, bien que teintée de mélancolie, n’est pas tragique. Je me rappelle avoir flâné sur Flickr – une habitude dont je ne me suis pas encore défaite – et être tombée sur une publication de John Maloof : “I purchased a giant lot of negatives from a small auction house here in Chicago”1. Le reste appartient à l’histoire.

le film de notre conscience

Alexandre Dulaunoy 1 minute(s) de lecture possible jeudi 15 février 2024 143 mots et d'autres choses
photographie microessai

Je ne sais pas si cela vous semble normal, mais il m’arrive de me promener en ville sans vraiment ressentir que je marche. Je me déplace, mais sans cette nécessité consciente de commander mes jambes. Je marche et observe ce qui m’entoure, comme si mon esprit était détaché du reste, tel un simple observateur. J’ai l’impression de regarder un film dans lequel je serais à la fois acteur et spectateur. C’est le spectacle de nos vies, sur lequel nous n’avons pas de prise. Une continuité sans fin. Une éternité visuelle qui défile devant nos yeux. Ces moments peuvent durer quelques minutes ou s’étendre sur des heures. Les sons, les voix, les bruits, l’agitation de la ville ne m’atteignent pas. Ils ne sont qu’une simple bande sonore accompagnant ces images. J’aimerais capturer ces instants pour qu’ils deviennent un film, le film de notre conscience.

Chronique - En attendant la fin du monde - Baudouin de Bodinat

Alexandre Dulaunoy 1 minute(s) de lecture possible dimanche 21 janvier 2024 140 mots et d'autres choses
livre critique photographie chronique

Baudouin De Bodinat1 est un auteur aux facettes multiples. Il est souvent critiqué, un peu à la manière de H. (l’innommable de ce groupe), et est perçu comme réactionnaire et ennuyeux pour certains. Cependant, son esprit mordant, sa vision acerbe de nos sociétés, et même son écologisme militant m’ont toujours amusé. En attendant la fin du monde, bien que n’étant pas son meilleur ouvrage, incite à la réflexion. Les quelques photographies qu’il contient évoquent presque le romantisme allemand, et son style d’écriture confère une dimension particulière à la froideur du monde.