Monica

Miles Davos 2 minute(s) de lecture possible dimanche 11 août 2024 283 mots et d'autres choses
bd critique chronique société psychédélisme psychologie

Je viens de finir « Monica », le dernier roman graphique de Daniel Clowes. J’ai adoré. Je dirais qu’il est aussi bon que « Patience » et « Le rayon de la mort ».

C’est un excellent trip sous acide qui respecte notre intelligence et notre sensibilité de lectrices et lecteurs. Qui nous laisse la place d’imaginer, de créer les réponses qui viendraient à nous manquer. À moins d’accepter la vie telle qu’elle est : chaotique, fragile, et lacunaire.

Un trip où l’on suit la vie de Monica, le personnage principal, et de ses géniteurs, réels ou supposés.

Chemin faisant, on traverse l’Amérique, ses époques et ses tendances. La guerre du ‘nam, les hippies et les psychotropes, le paranormal et d’étranges cultes aux mœurs hasardeuses. Jusqu’à la guerre civile qui se profile, en réponse au schisme qui fracture la société américaine — toujours prompte à exporter ses progrès et ses tares — en deux.

Monica vit mille vies, d’un extrême à l’autre de l’échelle sociale. Monica connaît l’amour et le dégoût de soi. Elle règne sur un empire ou se perd dans son désarroi. Elle largue les amarres, une fois, deux fois, autant de fois qu’il le faudra pour reconstruire son histoire hachurée, tavelée de trous et de suppositions.

Car c’est du salut de son âme qu’il s’agit. De son besoin, comme nous toutes et tous, de nous sentir complets, entiers, pas fragmentés.

Au bord de sa quête et de sa vie, Monica a une salvatrice illumination. Elle réalise que nous sommes tous irrémédiablement imparfaits, capables de tout. Quelle chance alors de se connaître soi-même !

Monica. Daniel Clowes. Jonathan Cape, Penguin Random House Group. Édition américaine publiée par Fantagraphics. 30 $.