La vérité, le mensonge, et l’humain tapi entre les deux

Miles Davos 2 minute(s) de lecture possible mercredi 7 février 2024 402 mots et d'autres choses
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Il est une maxime, un commun, que l’on assène, en cacique du savoir : « tout bon mensonge comporte une part de vérité ». Il existe d’autres variations. Mais attardons-nous un peu sur celle-ci. Réfléchissons. Inversons et, en dépositaires du contrepied, osons : « toute vérité comporte une part de mensonge ». Laissons de côté la distinction entre mauvaise et bonne vérité, comme on ne le ferait pas pour le mensonge. Et avançons.

Bien sûr, il serait facile de démontrer que nous avons raison en prenant pour exemple les prétendues vérités entonnées à force litanies par les religieux et leurs disciples. Nous pourrions faire de même pour les proverbes érigés en vérités : « l’avenir appartient à ceux (et celles) qui se lèvent tôt », « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras », et ainsi de suite.

Nous serions même capables de démontrer que nous avons raison — que nous disons donc la vérité — pour bien des vérités dites scientifiques, éphémères par essence. Celles-ci peuvent être réfutées grâce aux avancées, elles-mêmes scientifiques. Elles peuvent aussi être affinées, corrigées, car, au moment de leur élaboration, nous ne savions ceci ou cela.

Nous pourrions aller plus loin, en posant ceci : « tout mensonge, bon ou mauvais, conscient ou inconscient, comporte une part de vérité. Et plus cette part est grande, plus le mensonge s’efface au profit de la vérité. Mais bien qu’il puisse tendre vers zéro, le mensonge ne s’effacera jamais totalement ».

Si l’humanité venait à accepter cela, nous nous risquerions à espérer une paix durable, une sérénité globale. Nous nous accepterions pour ce que nous sommes, des êtres faillibles, gouvernés par deux extrêmes. D’une part, nos émotions. De l’autre, le reste. Nous ne chercherions plus alors à élever notre voix par-dessus celle des autres, car ils auraient tort, car ils seraient des menteurs.

Il est surprenant de nous voir évoluer, mais pas dans le sens voulu par Charles Darwin, dans cette ère dite de post-vérité. Une ère où chacun d’entre nous peut inventer la sienne de vérité, avec sa part de mensonge, et essayer de la faire accepter par le plus grand nombre, au détriment d’autres vérités.

Mais arrêtons-nous là et digérons ce que nous venons de produire. Car si nous avancions plus loin, nous risquerions de nous laisser entraîner dans des chemins embourbés. Et en guise de digestif, relisons « L’avenir de la science » de Nietzsche.