Audrey Tautou – Superfacial
photographie chronique art exposition
Tout le monde croit connaître Audrey Tautou. On pense la saisir à travers ses rôles d’actrice devenus presque mythiques, comme Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. Mais c’est bien plus complexe : comme beaucoup d’entre nous, elle n’expose qu’une parcelle d’elle-même, sans jamais livrer totalement son intime conviction ni, surtout, sa véritable capacité créative.
En allant voir son exposition Superfacial au Quai de la Photo, ce centre d’art flottant sur la Seine, je nourrissais un a priori : celui du risque d’un certain nombrilisme. Et pourtant, ma surprise fut grande en découvrant un travail photographique intimiste, empreint de persévérance et traversé par une audace réelle. De prime abord, l’exposition peut dérouter : une série de planches-contact en grand format, posées là comme un travail préparatoire.
Sans explication. Mais en prenant l’escalier (et il faut dire qu’exposer dans une péniche n’est jamais simple), la cohérence du projet se dévoile peu à peu. On perçoit la ténacité de l’artiste, mais surtout son élan créatif. On ressent cette envie de créer, de dialoguer avec le monde, en transformant sa propre vie en matière artistique.
Pour aller plus loin, je me suis plongé dans le livre éponyme, Superfacial, publié chez Fisheye. Tout en gardant une part de mystère, l’ouvrage révèle des détails précieux du travail photographique et prolonge l’expérience de l’exposition. À noter : l’exposition est gratuite au Quai de la Photo, et la petite librairie attenante regorge de beaux livres photographiques. L’équipe, chaleureuse et ouverte à la discussion, ajoute au charme du lieu.
Peut-être, au fond, que le travail d’Audrey Tautou entrouvre une porte pour ces artistes en herbe qui se pensaient perdus, simples autodidactes égarés dans une société dissonante. Elle rappelle que la persévérance n’est pas seulement une qualité : elle devient le fil qui relie l’intime à l’artistique, permettant à une voix fragile de se transformer en œuvre.
Superfacial, 22 x 28 cm, 232 pages, Hardcover, reliure bodonienne Français