Chronique - Starseeds T1

Miles Davos 3 minute(s) de lecture possible samedi 17 février 2024 445 mots et d'autres choses
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« Starseeds » de Charles Glaubitz est un objet graphique non identifié. Sur tous les plans.

C’est en parcourant le rayonnage indé de l’excellente librairie parisienne Bulles en vrac que je suis tombé sur le second volume de cette œuvre. Le premier volume de cette série qui en compte désormais trois n’étant pas disponible à la librairie, j’ai dû me le procurer ailleurs.

C’est le genre d’œuvre qui vous laisse bouche bée une fois dégustée. Vous n’en sortez pas indemne : ou vous adorerez ou vous détesterez.

Vous adorerez si vous êtes d’un esprit ouvert, du genre à éprouver du respect et de l’admiration pour celles et ceux qui secouent les codes et les pratiques. Celles et ceux qui ouvrent des pistes et catalysent votre imagination et animent votre réflexion. Vous laissant le droit — pour ne pas dire l’obligation — de trouver vos propres réponses. De comprendre ce qui se cache derrière tel bout de ficelle ou tel indice laissé ici et là, sciemment, pour attiser votre curiosité et activer vos neurones.

Graphiquement, les dessins de cet artiste multimédia pourraient passer pour enfantins. Celles et ceux qui penseraient ainsi se fourvoieraient. C’est une claque. Son trait brut et brutal, rehaussé par le blanc, le noir, la palette de gris, et le jaune, est du genre immersif. Ça vous happe et ça ne vous lâche plus jusqu’à la fin. Rien que pour cela, c’est une réussite totale.

Mais ça ne s’arrête pas là : la narration est incroyablement originale. Charles Glaubitz est un créateur de mondes, les dotant d’une physique, d’une philosophie, d’une cosmogonie propres. Je dirais même de pataphysique.

De quoi s’agit-il au juste ? Superficiellement, du combat entre l’ombre et la lumière, entre le mal et le bien. Mais « Starseeds » est bien plus que cela.

La société secrète des Illuminati travaille avec acharnement à l’avènement de la noire obscurité qui leur permettra de régner sur l’univers. Pour cela, ils puisent dans les quatre éléments, aspirant la sève de ce qui fait le tout.

C’est sans compter sur les semences d’étoiles, les starseeds. Cependant, pour devenir un être de lumière, un starseed donc, il faut regarder l’abîme en soi. Et comme l’a dit Nietzsche, à force de la regarder, elle vous regarde à son tour.

De cet affrontement, deux chemins possibles. Sombrer ou renaître à la vie, à l’espoir, apprenant à se libérer de ses peurs, pour aller de l’avant et se réaliser à soi.

Illuminati ou starseeds ? Noirceur ou clarté ? Qui l’emportera ? Et qu’adviendra-t-il ensuite ?

J’ai adoré ce premier tome et j’ai hâte de lire la suite.

Starseeds, tome 1. Charles Glaubitz. Édition anglaise. Fantagraphics. $29.99.