Chronique - Space Relic Hunters

Miles Davos 3 minute(s) de lecture possible jeudi 15 février 2024 569 mots et d'autres choses
bd critique chronique

Il est probablement inutile de présenter Runberg et Grun aux fans du 9e art. Cela fait longtemps que les deux officient dans l’univers constitué de cases et de bulles.

Le premier, scénariste, a travaillé par exemple avec Serge Pellé pour produire la série de science-fiction « Orbital » (9 tomes) ou plus récemment avec Marcial Toledano pour la série post-apo « Les dominants » (3 tomes).

Quant à Grun, il a notamment travaillé avec Corbeyran dans le cadre de « La conjuration d’Opale » (4 tomes) et Métronom’ (5 tomes).

Ces dernières années, Runberg et Grun ont publié « On Mars », une très bonne série en 3 tomes, un haletant thriller à l’intrigue bien ficelée se déroulant sur la planète rouge, transformée en prison carcérale accueillant la lie de l’humanité dans de viles conditions.

Forts de ce succès, ils remirent le couvert avec « Space Relic Hunters », un one-shot grand format paru aux excellentes éditions DM (Daniel Maghen).

Voici 200 ans, quatre dieux autoproclamés — dont on dit qu’ils viennent d’une dimension parallèle — mirent fin au système féodal frappé de décrépitude qui dominait la galaxie. Ils établirent une légion à qui ils ordonnèrent de pourchasser toute religion, y compris la non-religion (l’athéisme) pour ériger la leur en foi unique et vraie.

Xia et Little Mercur sont chasseurs de reliques sacrées. Grassement payés par des clients aussi bien humains qu’aliens, ils pratiquent un métier prohibé par le divin quatuor. Car qui dit relique dit religion et qui dit religion, autre que la leur, dit remise en question et potentielle révolte.

Réputés les meilleurs dans leur domaine, ils réussissent pendant des années à échapper à la légion jusqu’à ce qu’ils croisent le chemin d’un client mystérieux qui leur demande de récupérer une relique appartenant à un ordre religieux dont ils n’ont jamais entendu parler. Ça pue le traquenard, le coup fourré. Mais comment résister à l’énorme récompense que ce client offre en échange de l’objet de ses désirs ?

Cet album aurait pu être grandiose si son scénario ne souffrait de quelques faiblesses et ne comportait des ficelles trop évidentes qui en gâchent un peu la lecture.

Le dessin de Grun est classique, mais efficace et assez plaisant. Étonnamment et malgré sa grande expérience, Grun semble avoir du mal avec la perspective et les proportions de certains personnages humains. Je n’ai pas noté ce problème avec les nombreuses espèces extra-terrestres de « Space Relic Hunters ».

En outre, quelques scènes sont trop caricaturales. À titre d’exemple, dans sa tentative d’exprimer de fortes émotions, Grun exagère des expressions faciales ou ajoute à son dessin des éléments pour simuler un mouvement qui sont bien trop visibles.

Je me suis demandé plusieurs fois lors de ma lecture si j’étais le bon public pour cette bande dessinée tellement c’est enfantin, limite bâclé, ici et là ; une question que je ne me suis guère posée avec « On Mars ».

J’ai toutefois passé un assez bon moment. « Space Relic Hunters » m’a rappelé des albums que j’empruntais à la médiathèque, il y a plus d’un quart de siècle. Je me demande si les auteurs n’ont pas fait exprès de donner autant dans le vintage, en clin d’œil à la bonne vieille époque des conquêtes spatiales où l’on ne se posait pas trop de questions tant qu’il y avait de l’action.

Space Relic Hunters. Runberg, Grun. Éditions Daniel Maghen. 23 €