Slasher
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C’est une histoire d’amour pas comme les autres.
Une histoire d’amour à distance.
D’un côté, Christine. De l’autre Joshua.
Ils se rencontrent sur le net, comme bon nombre de nos contemporains, préférant ces cordons ombilicaux que sont les smartphones pour approcher l’autre et tâter le terrain.
Mais contrairement à tant d’autres (vraiment ?), cette relation est malsaine au possible. Christine visionne les vidéos de Joshua en train de s’entailler le corps à coups de couteau et là, là est l’orgasme, le crush, la jouissance et, paraît-il, l’amour.
Christine est prête à tout pour son Joshua. À sortir des rails que la vie semble avoir tracé pour elle. À s’accepter forte. À punir tous ces idiots de mâles qui ne pensent qu’à la chevaucher, ne comprenant pas que seul Joshua importe.
Ah Joshua. Retenu prisonnier par sa frappadingue de mère qui, se cachant derrière Dieu et l’église, transforme en véritable alchimiste de la perversité sa rancœur et ses échecs en gifles et coups de poing portés comme ça vient sur le corps frêle de son rejeton.
Tiens bon Joshua. Ta Christine arrive pour te sauver. Tiens bon !
Malgré le mal-être qu’il a fait naître en moi tandis que j’en dévorais les pages, « Slasher » de Charles Forsman se révèle une excellente critique de la perversité, de l’immoralité et de la malaisante dégénérescence des mœurs de la société américaine, vues du prisme d’un auteur qui porte en lui les semences de la culture White Trash.
Il faut dépasser la grande violence, le sadisme de « Slasher » qui ne sont pour moi qu’un prétexte pour afficher des tares au grand jour et faire apparaître l’humain dans toutes ses contradictions. Forsman est un orfèvre en matière de personnages. Les siens, du moins celles et ceux qui importent pour cette histoire, possèdent une profondeur et une complexité rares.
Une lecture surprenante jusqu’au bout, dont il faudrait méditer chaque case ou presque si vous avez l’estomac bien accroché.
— Slasher. Charles Forsman. L’employé du moi. 18 € pour la version papier.