Chronique - Notes sur le sumo
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Samedi pluvieux. Samedi maussade. Fatigue et lassitude. Je pourrais passer ma journée à comater. Collé à un écran. Me remplissant le crâne de vacuités et d’inanités.
Lève-toi. Bouge-toi, me dis-je. Je trouve l’énergie de chevaucher mon cycle jusqu’à la librairie.
Un objectif précis. Qui fera l’objet d’une prochaine chronique. Je l’atteins. Rapidement. Pas question de repartir tout de suite. Envie de traîner mes guêtres à travers les rayonnages remplis, les tables jonchées de bandes dessinées. Un temple dédié au 9e art.
C’est là, dans la section « indé » que se trouve le rayon consacré aux Éditions Matière. Celles-là mêmes qui publièrent « zboing zboing ». J’y déniche plusieurs pépites dont une, de 2007 : « Notes sur le sumo », de Laurent Bruel et Risto.
Me voilà au chaud, les bras chargés de victuailles riches en cases et bulles.
Je me sers un verre de vin. Un bon petit Corbières de derrière les fagots, accompagné d’un bon pain aux graines, de Comté réserve de chez Marcel Petit, et de « Notes sur le sumo ».
Voyons d’abord le dessin de Risto. Sacré coup de crayon. Et il se meut dans les cases comme bon lui semble. J’aime beaucoup. Quelques planches sont magnifiques. Je pourrais passer des heures à les contempler, à en mémoriser chaque détail.
Le texte de Bruel me nourrit, m’instruit. J’apprends que le sumo fut un sport « populaire », un sport du peuple auquel s’adonnaient petits et grands. Et quand ils étaient grands, ils étaient du genre vieux et éméché. 45, 50 kilogrammes. Au mieux. Les combats se faisaient à l’extérieur, à même la terre battue. Dans la rue. C’était fête.
Puis le bitume. Plus question de se faire jeter sur un sol à vous en casser les os. Il ne restait plus que des lutteurs professionnels. Qui se mirent à gagner du poids vers le milieu du 20e siècle. De plus en plus. Poussés par le besoin, l’envie de force et de stabilité.
Ainsi donc. Les sumotoris, tels que nous les connaissons, n’ont pas toujours eu cette forme, ce volume.
Bien des aspects changèrent. Ce qui n’a pas changé toutefois, c’est l’engouement du peuple pour les combats. Qui ont désormais lieu dans des espaces dédiés à cela. Hommes, femmes. Attentionnés ou dispersés. Jusqu’à ce qu’un mouvement, une technique commande le silence, la concentration. Et là, le peuple. Uni. Pendant une minute ou même une seconde. Mais qu’importe, car uni. C’est donc possible.
Et pour finir cette chronique, la petite touche qui finit de me combler. Le texte, en français, est traduit dans les marges en japonais. Excellente idée.
– Notes sur le sumo. Laurent Bruel, Risto. Éditions Matière. 13 €.