On Mass Hysteria – Une histoire de la misogynie

H. Galois 2 minute(s) de lecture possible vendredi 14 mars 2025 364 mots et d'autres choses
exposition photo photographie

Une exposition de Laia Abril

Jamais je n’avais ressenti si intensément l’impression d’être dans un documentaire, c’est-à-dire dans une représentation de faits authentiques, d’une réalité. Conclusion de sa série d’expositions « Une histoire de la misogynie », la photographe et écrivaine Laia Abril nous plonge dans un phénomène dont j’ignorais tout avant de visiter cette exposition, ce que les hommes ont longtemps appelé les « hystéries de masse ». Ce sont des moments où des groupes de femmes unies, des communautés de femmes ou de jeunes filles se mettent à convulser, s’évanouir, trembler, manifester toute une variété de On Mass Hysteria – Une histoire de la misogynietroubles de façon collective. Sans cause physiologique apparente. Laia Abril présente au mur de nombreux récits circonstanciés ou recensions de presse de ces épisodes de transe collective dans le monde entier, certains datant de plusieurs siècles, d’autres de quelques années. Et les visiteurs sont invités à y mettre les mains, à feuilleter ces récits. Des textes sont projetés, surmontés de photographies d’Abril, dans une obscurité hypnotique. On est au cœur du documentaire, on ne peut l’esquiver. Des jeunes filles d’un pensionnat catholique qui n’arrivent plus à marcher, des ouvrières Cambodgiennes qui s’évanouissent, des jeunes Américaines collectivement envahies de tics… Dès le début de l’exposition, la clé nous est donnée : ces « hystéries de masse » peuvent être interprétées comme un protolangage de résistance aux systèmes d’oppression ou aux traumatismes collectifs. Une forme collective et inconsciente de refus d’une domination. L’exposition donne clairement quelques grandes dominations pesant sur les femmes : religion, exploitation capitaliste, patriarcat, répression policière, toxicité des réseaux sociaux… La photographe ne noie pas son maître-sujet de ses créations. Son regard entier en acquiert une intensité rare. Apothéose, on sort de là en montant un escalier qui donne sur une salle où sont projetées des images de femmes protestant, manifestant, émeutant et des hommes et des flics arrêtant, frappant, tirant sur des femmes. La résistance et la révolte des femmes peuvent les faire s’évanouir collectivement comme affronter l’ordre établi dans la rue. Éblouissant.


Une exposition de Laia Abril Du vendredi 17 janvier au dimanche 18 mai 2025 Le BAL 6, impasse de la Défense, Paris 18e