Chronique - Les os creux, la tête pleine
bd critique chronique
Armé de ses dix-sept ans et de son fusil, il se dirige vers son lycée. Une tuerie qui s’annonce. Comme tant d’autres. Dans le pays qui s’est érigé en première puissance mondiale. Connerie comprise.
Il en ouvre la porte avec fracas et tire sur la première personne qu’il voit. Mais un quiproquo le sauvera des serres de la justice. Il sera même un temps adulé.
Des années s’écoulent. Le voilà riche, un modèle de l’American Dream. Mais gavé par l’ennui et sa bourgeoise, tellement conne celle-là. Et puis une envie le titille de nouveau. Surprise puis acceptation. Avant de l’accueillir et de lui laisser le champ libre.
Mais cette fois, on ne va pas gueuler pour emmerder le monde. Non. Un murmure suffira.
Encore un coup de maître de Nicolas Pegon, l’auteur du « Feu de Saint Antoine ». Pas d’hilarité cependant. Tout le contraire. Un truc crade, poisseux, un machin post-punk nihiliste qui vous prend aux tripes et vous retourne les boyaux. Avec un volet final grandiose, un chef-d’œuvre de No Future. Et une compo en noir et blanc qui est juste géniale.
À lire en écoutant « First Defeat » de Nils Frahm, sans bruit ni chieur autour. Puis à refiler à la première personne qui vous pourrit la vie, vos yeux vissés dans les siens et un sourire naissant à la commissure de vos lèvres.
— Les os creux, la tête pleine. Nicolas Pegon. Réalistes. 10€.