Chronique - L'amour
livre littérature roman critique chronique
Je viens de finir « l’amour », le dernier roman de François Bégaudeau, paru aux éditions « Verticales ».
J’aime beaucoup Bégaudeau. Même quand il fait un peu trop de l’esprit dans ses écrits. Même quand il étale un peu trop son art des lettres et de la formule bien sentie.
Ici, il fait preuve de retenue. Ses phrases sont courtes, ciselées, avec juste la bonne dose de lyrisme, de poésie, et d’humour. Une écriture comme j’aime.
Je n’ai pas senti le temps passer en compagnie de Jeanne et Jacques Moreau, les personnages principaux de ce roman de 89 pages qui retrace leur rencontre dans les années 70 jusqu’à ce que, chacun à son tour, ils passent l’arme à gauche.
Vous ne trouverez ni fait majeur ni bouleversement à vous en faire bouffer tous vos ongles de pied dans cette histoire. Et c’est ce qui en fait la force. À contre-courant des crises de nerfs. Des séances chez le psy pour l’un, pour l’autre, et pour les deux à la fois. Des inextricables problèmes avec la belle-mère, le beau-père, et les enfants.
Il y a des hauts et des bas, des jours heureux et des moments qui le sont moins, de la joie et de la mélancolie dans la vie de ce couple qui se soude au fur et à mesure que le temps fait son œuvre.
Ils en deviennent vite attachants. Jusqu’à me donner l’impression que je les ai connus depuis toujours. Jusqu’à me faire tirer une larme quand l’un, puis l’autre, se fait faucher par la Camarde.
Les personnages de romans sont-ils moins réels que vous et moi ? Pas toujours. Parfois c’est même l’inverse.
— L’amour. François Bégaudeau. Verticales. €14,50.