Chronique - Dementia 21 volume 1
bd critique chronique manga
Le fait n’est pas nouveau. Depuis de nombreuses années, le Japon est frappé d’un fléau : le fléau « vieux ». La population vieillit et cela devient intenable. Que faire ?
Shintaro Kago nous donne des solutions dans « Dementia 21 », son dernier manga grand format. Combinant un humour plus que limite et un dessin surréaliste, il nous invite à suivre les aventures rocambolesques de Yukie Sakai, une aide-soignante qui a le sens du service chevillé au corps. Débordante de bienveillance et d’énergie, elle essaie de donner à des séniors, attachants et horribles à la fois, l’attention que leurs proches ne leur octroient pas.
Shintaro s’amuse avec les cases, la géométrie et la perspective pour donner vie à un petit ovni graphique qui traite d’un sujet de fond, le tournant en dérision pour permettre au lecteur de mieux saisir l’ampleur du problème.
Il fut un temps, en France, où, des jeunes se foutaient de la gueule de ces vieux qui clamsaient durant les canicules, relâchant ainsi la pression que le paiement de leurs retraites exerçait sur les finances publiques.
Si vous trouviez ce genre de plaisanterie horrible, attendez-vous à pire, bien pire avec Dementia 21 : gériatrie approximative, dentiers robotisés, chambres entièrement médicalisées où on peut oublier les vieux et le poids qu’ils représentent, l’euthanasie pratiquée comme un jeu de hasard, les rides contagieuses, des routes dédiées aux vieux, des superhéros séniles, et le grand concours national qui permettra aux dix meilleurs vieux de s’assurer une retraite et des soins à vie.
Bienvenue dans le trip sous acides d’un mangaka qui s’est fait connaître par son style éro-trash. Vous n’en ressortirez pas indemne. Et quand vos guiboles commenceront à vous lâcher, n’hésitez pas à faire le saut de l’ange du haut d’une falaise.
— Dementia 21, volume 1. Shintaro Kago. Huber Editions. 23 €.