Colère noire

Miles Davos 2 minute(s) de lecture possible dimanche 14 avril 2024 362 mots et d'autres choses
bd critique chronique thriller

« Colère noire » — une bande dessinée parue en plusieurs volumes au début des années 1990 — a récemment fait l’objet d’une édition intégrale chez Les Humanos.

Pour ce thriller qui est tout sauf cousu de fil blanc, Thierry Smolderen et Philippe Marcelé s’inspirent librement des tueries du Brabant wallon, qui défrayèrent la chronique en Belgique et au-delà dans les années 1980.

Cela commence par une journée ensoleillée. Une femme emmène son enfant au supermarché. Tandis qu’une autre flirte librement avec son compagnon, au milieu des rayons chargés de boissons et sous les yeux écarquillés de consommateurs choqués par les libertés que s’accordent les deux tourtereaux.

C’est alors que débarque une bande sauvage arborant masques et armes à feu, faisant chanter ces dernières pour massacrer des innocents. Les deux femmes perdent dans l’ignominie à laquelle s’adonnent les tueurs fous l’une le fruit de ses entrailles, l’autre son amour.

Alors que rien ne les prédestinait à se rencontrer, encore moins à s’unir, c’est dans leur colère et leur soif de veangance que Marielle et Stella vont se retrouver.

Face à la nonchalance de la police qui mène l’enquête comme on se passerait un reste de blanquette le lendemain d’une fête, les deux femmes vont surmonter leur terrible deuil en traquant les meurtriers.

Le dessin de Marcelé convient parfaitement à cette trépidante aventure menée tambour battant. Son trait me rappelle un je-ne-sais-quoi de Griffo et de José Muñoz. C’est dire combien j’ai aimé ses planches.

Le scénario de Smolderen se distingue par des considérations sociétales et des comportements que je pourrais qualifier d’avant-gardistes pour l’époque. Rappelons-nous que « Colère Noire » date du début de 1990. Et autant que je me souvienne, il était rare dans ces années-là de voir ériger en héroïnes des femmes, farouches et battantes, laissant libre cours à leur fureur et à des tendances dont la société aurait pu s’offusquer. L’érotisme n’est pas non plus en reste. À saluer particulièrement donc.

Conclusion ? Foncez ! « Colère noire » mériterait sans doute le prestigieux prix interfessier de votre sillon, si ledit sillon n’était pas avant tout fictionnel.

Colère noire - intégrale. Smolderen, Marcelé. Les Humanoïdes Associés. 19,99 €