Blackbird

Miles Davos 2 minute(s) de lecture possible dimanche 17 mars 2024 345 mots et d'autres choses
bd critique chronique dystopie fanzine anticipation

Nous sommes en France. Le néo-libéralisme s’étend à tous les domaines, tel un cancer qui métastase.

De jeunes auteurs de bandes dessinées essayent de percer au grand jour grâce à « Blackbird », un fanzine auto-édité qu’ils distribuent par le truchement de librairies indépendantes. En attendant, ils mènent une vie, certes à la petite semaine, mais joyeuse. Skate, potes, débats, dessins et amourettes font leur quotidien.

Puis vient la consécration, mais pour un seul d’entre eux, repéré par une maison d’édition. C’est l’incompréhension, avant les tensions puis les inévitables dissensions.

Au même moment, une loi interdisant l’auto-édition et mettant fin au prix unique du livre est promulguée. Le groupuscule entre en résistance. Le fanzine continue à circuler, tant bien que mal. Et puis c’est le drame suite à un court moment d’irrationalité d’un des membres les plus intransigeants. C’est la traque.

« Blackbird » fut à l’origine un vrai fanzine, lancé en 2008 et imprimé par Pierre Maurel, avant de paraître sous forme de volume joliment relié par L’employé du moi en 2011. À travers le prisme d’artistes précaires, il nous donne à réfléchir sur les affres et les excès du système dominant.

Le prix unique du livre en France, introduit en 1981 par la loi dite Lang (du nom de Jack Lang, ancien ministre de la Culture) est un pilier majeur du monde des lettres. Son abolition serait fortement dommageable à l’éducation et à l’accès à la culture.

De même, l’interdiction de l’auto-édition, sous couvert de protection du peuple contre du contenu subversif et dangereux, serait une atteinte majeure à l’expressivité, à la créativité et à la diversité artistiques.

Il est donc important de développer son esprit critique et être prêt à défendre des acquis primordiaux — pour une société saine et juste — contre le néo-libéralisme et ses communicants, passés maîtres dans l’art de faire passer des vessies pour des lanternes. « Blackbird », une lecture plaisante au dessin en noir et blanc agréable, contribue à ce développement dont je ne peux qu’appuyer l’urgence.

Blackbird. Pierre Maurel. L’employé du moi. 14,90 €.