Aux soirs de grande ardeur
chronique recension bd nature conte societe
Dans « Aux soirs de grande ardeur », Nicolas Puzenat laisse sa belle imagination courir le long de l’histoire humaine. Ce conte, dont il régale nos yeux et nourrit notre âme, interprète librement la révolution néolithique. Il prend racine à Miril, une des premières cités construites par l’être humain, entourée de majestueuses forêts.
Nos ancêtres commencent à délaisser la chasse, la cueillette, et le nomadisme qui les accompagnent, au profit de l’agriculture, de la sédentarité. La hiérarchie devient plus pesante. La domination, l’esclavagisme émergent. Les « urbains » regardent de haut les nomades, jugés sauvages et malpropres.
Manakor est servante de Kaal, cuisinier du Rham, suzerain de Miril. Manakor voue un amour profond à son maître. Elle se montre prête à tout ou presque pour s’en attirer l’attention et en gagner le cœur.
Au-delà des remparts de la cité, une fumée s’élève, lointaine. D’abord ignorée, elle se multiplie et se rapproche. L’inquiétude monte.
Que faire ? Le Rham veut, avant tout, protéger ses trésors : meubles, or, joyaux, et le reste. Le juge-mage, la prêtresse, le maître des bois. Chacun y va de son conseil. Une cacophonie des temps anciens qui n’est pas sans rappeler notre époque avec son lot de toutologues et son nouvel obscurantisme.
Parfois, certains hommes se croient si puissants qu’ils deviennent fous. Ils oublient l’intérêt de la communauté, menacent finalement leur propre survie.
Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?
L’air de rien, « Aux soirs de grande ardeur » égrène des réflexions profondes sur notre société moderne et ses errements, semées aux pieds d’une nature exubérante. La langue est élégante, parfois lyrique et poétique. Par exemple, à un moment de l’histoire, une des protagonistes se remémore quelqu’un qui lui importait :
Pourtant, devant cette liberté nouvelle, je ressens un grand vertige… comme devant l’abîme de ton absence.
Vous l’aurez compris. Ce bon vieux Miles a fort apprécié cette bande dessinée. — Aux soirs de grande ardeur. Nicolas Puzenat. Le Lombard. 20,45 €.