Au travers du rayon

Miles Davos 3 minute(s) de lecture possible dimanche 19 janvier 2025 427 mots et d'autres choses
chronique recension bd cinéma imagination art

Jeanne adore le cinéma, à tel point qu’elle fréquente assidûment une salle obscure de quartier, échangeant régulièrement des mots et des titres de films avec Alix, la préposée.

C’est ainsi qu’après avoir visionné « Le Rayon vert »1, elle ne peut cacher sa vive émotion à Alix. Elle croit un des messages forts du film : que l’on parviendrait à lire dans ses propres sentiments, et dans les sentiments des autres, lorsque l’on observe un rayon vert.

Alix lui conseille alors de voir « Fragment d’un soir »2, ce qu’elle s’empresse de faire. Ce visionnage, combiné à la lecture d’un ouvrage (« L’emprise de la fiction »), va bouleverser Jeanne.

Une théorie veut que, l’alignement des étoiles advenu, on puisse rencontrer des personnages de cinéma dans la vraie vie, étendant ainsi sa (morne ?) réalité en créant un pont avec celle de l’œuvre filmique.

Jeanne est habitée par cette idée. D’après elle, « Fragment d’un soir » est LE film qui lui permettra de prouver la théorie. La rencontre avec Mattia, un des personnages principaux, est forcément possible. Forcément.

Couvertures de Au travers du rayon

« Au travers du rayon » d’Aude Bertrand est une bande dessinée sensible et intelligente. L’autrice ne donne pas toutes les clés. La grille de lecture n’est pas figée. Ce n’est pas pour me déplaire, car cela me donne l’occasion d’étendre ma propre réalité, thèse centrale de l’ouvrage, grâce à mon imagination.

Et quelle meilleure façon de la nourrir cette imagination — seule porte vers une réalité augmentée, quoi qu’en pensent Zuckerberg et sa vile clique — que l’art ?

Sous l’emprise de la fiction, Jeanne réussira-t-elle à rencontrer Mattia ? Lisez-donc « Au travers du rayon » pour le savoir. Peut-être que cela vous inspirera à mener votre propre quête, à élargir votre cadre, et à donner à l’art la place qui lui revient.

Au travers du rayon. Aude Bertrand. Éditions 2024. 26 €.


  1. Ce film, français, existe. Il date de 1986. Éric Rohmer, son réalisateur, s’est inspiré du roman éponyme de Jules Verne. Le titre fait référence à un phénomène optique et atmosphérique par temps clair. En effet, lorsque les conditions sont réunies, le tout dernier rayon visible du soleil, avant que ce dernier ne cède galamment sa place à dame lune, ressemble à un éclair vert. ↩︎

  2. J’ai cherché ce titre sur internet, en vain. Je suis resté broucouille. Ce serait donc un film fictif. Mais si ce n’était pas le cas, merci de nous le signaler par interaction sur les réseaux dits sociaux. Le Sillon vous remerciera, et moi aussi par le fait même. ↩︎