Sphinx - Anne F. Garréta
paris lecture club
Il y a de ces romans qu’on aime immédiatement. On tombe dans l’histoire comme on se jette dans une histoire d’amour. Je l’ai choisi par pur opportunisme et minimalisme de sélection livresque. La collection L’Imaginaire de Gallimard recèle souvent des chefs-d’œuvre inconnus. Je n’ai même pas regardé la quatrième de couverture de ce livre, Sphinx d’Anne F. Garréta.
Ma confiance en cette collection fut ma seule décision rationnelle de la journée.
Et putain de merde, quelle œuvre.
On est happé(e) par les soirées parisiennes, on se retrouve plongé(e) dans une sorte d’histoire amoureuse. On fréquente les clubs de l’époque. Et le personnage principal est aussi en pleine ascension, comme disquaire (on dirait DJ aujourd’hui), avec des explications comme celle-ci :
Qu’en matière d’animation musicale d’une boite, la loi de la majorité est inopérante, que ni la démocratie ni l’aristocracie, non plus que l’oligarchie ne sont les régimes possibles d’une programmation conséquente. Je raffinais l’argumentation jusqu’à soutenir qu’un bon disquaire est celui qui, au-delà des voeux limités et répétifs consciement formulés, élémentaires - tel disque, telle chanson -, parvient à combler sans qu’il s’y attende un désir qui s’ignorait, en créant une unité de dimension supérieure à la simple additions des disques, des demandes. Combler n’est pas satisfaire.
J’ai découvert que le livre fut publié dans les années quatre-vingt. Que l’on ne connaît pas le genre des personnages, leurs prénoms étant indifférenciés. Que le livre est une façon de révolutionner le genre dans la littérature. Mais au fond, est-ce vraiment important ? Une seule chose compte : ce livre qui vous colle aux tripes, ce labyrinthe si proche de nos propres vies. Une lecture qui frappe en plein cœur. J’écris cette chronique comme on colle un post-it, juste pour vous dire : “Cette étiquette est là pour vous dire : lisez-le. Rien de plus.”
