Shin Zero, tome 1

Miles Davos 2 minute(s) de lecture possible samedi 25 janvier 2025 408 mots et d'autres choses
manga critique chronique anticipation tokusatsu hommage japon

« Shin Zero » — une série en trois tomes publiée par Rue de Sèvres dans la collection Label 619, dont le premier volet est paru en ce janvier 2025 — est une œuvre à quatre mains. Celles de Mathieu Bablet au scénario et de Guillaume Singelin au dessin.

Inutile de présenter Bablet et Singelin aux aficionados du 9e art que vous êtes. Si, toutefois, vous vous mélangez les pinceaux après une trop grande quantité de lecture, il vous suffit de relire « Shangri-La » pour reconnaître le grand talent de Bablet, ou encore « Adrastée ». Quant à Singelin, on pouvait voir son « Frontier » mis en avant, il n’y a pas si longtemps, sur les étals de tous les bons libraires1.

Les deux gaillards, imprégnés de culture japonaise comme plusieurs explorateurs du Sillon, s’associent pour rendre hommage au tokusatsu. Et quel hommage !

Couverture de Shin Zero, tome 1

Tokusatsu ? Mais oui ! Souvenez-vous de Godzilla, des kaijus, de Bioman, de Goranger, d’Ultraman, des Power Rangers (version américaine des Super Sentai) ou encore de Sailor Moon.

Le mot est une contraction de tokushu satsuei, qui signifie « effets spéciaux ». Ce terme désigne un genre cinématographique né en 1954 avec le premier film Godzilla, réalisé par Ishirō Honda.

La collaboration entre Bablet et Singelin fonctionne à merveille. Tous les codes du genre sont respectés, avec une belle touche de modernité et quelques planches époustouflantes.

Exemple tronqué d’une planche issue de Shin Zero, tome 1

Dans « Shin Zero », les Sentai, ces héros qui ont sauvé le Japon des kaiju, ces monstres gigantesques dont Godzilla est le plus célèbre représentant, sont relégués au second, voire au troisième plan.

Maintenant que les kaiju ont disparu et qu’il n’y a plus de menace existentielle à combattre, devenir sentai est un aveu de misère. Précarisés, ubérisés, les sentai attendent les missions, généralement peu gratifiantes, pour gagner une bouchée de pain.

Le temps s’écoule et l’horizon de la jeunesse sentai se bouche et s’écroule. Satoshi, l’un des protagonistes de l’histoire, refuse obstinément de croire à la fin de l’ère des héros. Que faire pour redorer leur blason et raviver conscience de leur importance ?

Pour le savoir, foncez toutes affaires cessantes chez votre libraire indépendant pour dévorer ce premier tome très réussi, et attendez comme moi la suite en vous rongeant les ongles.

Shin Zero, tome 1. Mathieu Bablet, Guillaume Singelin. Label 619, Rue de Sèvres. 13,90 €.


  1. Voir la chronique commise sur le Sillon par l’ami Alexandre à l’adresse suivante : https://sillon-fictionnel.club/post/frontier-singelin/ ↩︎