Pancho Villa - La bataille de Zacatecas
le sillon chronique bande dessinée
Paco Ignacio Taibo II est mon auteur mexicain de roman noir favori. En même temps, c’est le seul, donc il faut peut-être relativiser, comme disait Einstein, en découvrant la physique. Il signe ici le scénario d’une magnifique bande dessinée[1], illustrée par Eko, un dessinateur que je n’avais pas l’heur de connaitre jusqu’ici.
L’histoire narre la bataille de Zacatecas, haut fait de l’épopée de Pancho Villa lors de la révolution mexicaine. Sur la route de Mexico, la ville de Zapatecas, transformée en forteresse, avec moult fortifications et pièces d’artillerie, est au main des troupes fédérales. Les insurgés villistes, aux ordres de Tomas Urbinas, de Maclovio Herrera, de Rodfolfo Fierra, et d’autres dont j’ai du mal à retenir les noms, se heurtent aux troupes loyales au dictateur Huerta, sous les ordres d’autant de généraux aux allégeances éphémères, dans une bataille qui ressemble autant à une querelle familliale qu’à une tragédie épique. Par chance, peut-être, parce qu’ils savent que s’ils sont là à s’entretuer comme des cons, c’est qu’ils ont d’excellentes raisons, peut-être aussi, les insurgés vont finir par l’emporter. Non sans dommage pour le narrateur, qui va y laisser des plumes.
Le récit est fidèle au syle habituel de Paco Ignacio Taibo II, qui nous explique que tout ce qu’on dit de Pancho Villa n’était pas forcément vrai. Par exemple, il ne s’était pas marié trente fois, mais seulement vingt. Et encore, deux fois avec Lucita, parce qu’il avait oublié qu’ils étaient déjà mariés. Le graphisme est surprenant, avec une illustration unique en noir et blanc pour chaque double page, ce qui lui donne la dimension saisissante d’une chevauchée fantastique, saisie image par image, jusqu’à sa conclusion tragique. Comme si l’Illiade était racontée sous forme de comic strips.
Bref, ne passons pas à coté des choses simples, comme on dit chez les usurpateurs mexicains, et précipitez-vous sur ce petit bijou.
— La bataille de Zacatecas. Paco Ignacio Taibo II & Eko. Éditions Nada. 28 €.
[1] on me chuchote dans l’oreillette qu’à l’heure actuelle on dit plutôt roman graphique, mais j’ai du mal avec la novlangue managériale.