Joseph Mitchell - Le Fond du port

Alexandre Dulaunoy 2 minute(s) de lecture possible dimanche 1 juin 2025 292 mots et d'autres choses
chronique livre New-York

Il est rare de trouver un auteur capable de restituer, en littérature, le sentiment que procure la photographie de rue. Il capture les rues, les bâtiments, les rencontres comme des archives persistantes qui se dévoilent devant nos yeux. Pourtant, il existe un auteur qui pratique sans doute la photographie de rue sans appareil photo : Joseph Mitchell. Journaliste pour The New Yorker, mais surtout infatigable explorateur de New York et de ses environs.

Une fois de plus, ce sont les Éditions du Sous-Sol qui nous donnent accès aux écrits de Joseph Mitchell. On les retrouve également chez les Éditions Trente-trois Morceaux, avec le bien nommé Street Life, qui rassemble ses derniers textes, écrits durant sa difficile période de silence littéraire.

On pourrait penser qu’il est ennuyeux de lire les pérégrinations d’un écrivain un peu perdu dans les rues de New York, mais il n’en est rien. On a plutôt l’impression de marcher à ses côtés, de partager ses errances, comme si l’on se promenait avec un vieil ami1. On sent presque les odeurs de poisson dans Le Fond du port. On est plongé dans ce monde comme un photographe de rue qui dresserait les portraits de vies oubliées. Joseph Mitchell, c’est un anthropologue de la rue.

Si vous êtes, vous aussi, à la recherche de ces petites choses qui construisent nos vies, lire Joseph Mitchell, c’est confirmer que nous ne sommes rien d’autre que la somme de ces détails et qu’au creux de ces petites choses, se cachent parfois des vérités bien plus grandes.


  1. Une petite note sillonesque pour marquer mon manque chronique de ces parcours photographiques dans les rues de Bruxelles, en compagnie du vieil ami Miles Davos, qui éclaire l’existence dans un monde aux nuances proches du gris de Charleroi. ↩︎