Chlore - Thibault Lang-Willar
chronique lecture piscine
Je me baladais à Ostende et je tombe sur la librairie Corman, une vieille institution Ostendaise. Bien sûr, la langue de Vondel dominait partout, mais il y avait quand même quelques bouquins en français ou en anglais qui traînaient dans les rayons. Et puis, je tombe sur un étal de livres à petit prix, et là, un truc à un euro qui s’appelle Chlore.
L’odeur du chlore, c’est un peu ma madeleine de Proust à moi. Quand j’étais gamin, au bord de la piscine, je regardais tout ce qui se passait. C’était mon terrain d’apprentissage, mais aussi celui de mes premières passions. L’odeur du chlore, c’était comme le premier parfum de mes premiers amours. Rien qu’en lisant le titre, je voyais déjà les gouttelettes d’eau sur mon bras et je ressentais les frissons du courant d’air à la sortie du bassin.
Alors un livre avec ce titre, pour un euro… Peut-on encore espérer, de nos jours, un moment de pur plaisir pour un pauvre euro ? Je n’ai ni lu la quatrième de couverture, ni vérifié quoi que ce soit sur l’auteur. J’ai juste jeté ma belle pièce étoilée à la libraire, au corps de nageuse.
En regardant ses beaux yeux bleus piscine, je suis retombé d’un coup dans la dure réalité : juste derrière moi, il y avait cette vieille acariâtre qui attendait aussi à la caisse. J’ai rougi, planqué mon livre dans mon totebag Actes Sud et filé vers le square Léopold Ier.
Bien entendu, j’avais oublié ce livre, perdu quelque part dans une de mes nombreuses piles. Mais en revoyant le titre, l’effet a été le même que dans la librairie. Alors je l’ai ouvert et j’ai commencé la lecture.
Que dire ? En fait, ce livre n’est pas mal. Il casse les genres : le personnage est un technicien de piscine, il y a des scènes de cul plutôt sympas et franchement de qualité, surtout pour un euro. L’ambiance piscine est bien rendue (oui, c’est mon seul vrai domaine d’expertise, au final). La distance entre riches et pauvres est bien traitée aussi.
Maintenant, le délire paranoïaque du personnage principal est à moitié politique, à moitié confus. Difficile de dire ce que c’est vraiment. Une lecture hors norme, un découpage bizarre… mais je crois que j’ai trop sniffé de chlore pour bien tout comprendre.