Retour sur un départ manqué

Miles Davos 2 minute(s) de lecture possible samedi 4 mai 2024 257 mots et d'autres choses
chronique recension roman littérature écriture coup de cœur

Philippe Stella, écrivain qui n’écrit plus, contemple la retraite et la panne de sa Twingo qui ne veut plus démarrer.

Le voilà ratant l’heure du début des cours qu’il donne aux Beaux-Arts de Nantes. Il tente de démarrer l’engin. Mais celui-ci ne veut rien savoir. Alors en attendant le garagiste, il met la pellicule de sa vie sous les projecteurs de sa mémoire.

Son œuvre, par laquelle il décrivit en long, en large, et en travers Grand-Lieu, qui l’a vu naître, rencontrer Françoise, donner vie à Théo, perdre Françoise, et continuer à avancer, brinquebalant, cahotant.

Sa Twingo, qui perdit ses couleurs un temps éclatantes en avalant les mêmes routes et la mutation des paysages autour de ce lac à proximité de Nantes.

Son fils qui « n’a jamais paru choisir ses tenues, c’est plutôt comme si les vêtements lui neigeaient dessus et qu’alors, il attendait leur fonte jusqu’à la prochaine chute » (page 42).

Le chagrin du monde, à une époque ou même « les mannequins, aujourd’hui, te paraissent moins insouciants » (page 64).

Gregory Buchert nous sert avec « Retour sur un départ manqué » un roman court, mais exquis à tout point de vue.

Alors que je dégustais chaque ligne ou presque, que je relisais des passages entiers, que je dénichais zeugmes et autres belles pépites, je voyais les yeux emplis d’intelligence et de malice de ce génial auteur, pendant qu’il couchait ses lignes et nos sourdes peurs de la déliquescence linguistique.

Quel régal !

Retour sur un départ manqué. Gregory Buchert. 14,50 €.